Les origines du parrainage


Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France entière et les communes de Rhône-Alpes notamment apprennent, par le biais des médias, des récits de soldats et de résistants, les dégâts subis par les villes d’Alsace-Lorraine. Schweighouse, petite commune d’Alsace, déjà rasée en 1914-1918, est en partie détruite en 1945. Face à cette détresse, un formidable élan de solidarité et d’entraide va alors s’établir entre les deux régions. Pierre Minssieux, le Maire de Brignais de l’époque, et Madame Daily, résistante originaire de Lorraine, prennent contact avec Schweighouse le 18 juillet 1945.
Le 18 juin 1946, le Conseil municipal de Brignais (2000 habitants) approuve le parrainage de la commune de Schweighouse (400 habitants). Cette même année, les enfants de Schweighouse passent leurs vacances à Brignais. Deux ans plus tard, c’est au tour de jeunes Brignairots de visiter la commune filleule du Haut-Rhin. Le parrainage est officialisé et Brignais envoie 20 000 francs pour les travaux de l’église, de la mairie et l’édification du Monument aux Morts qui sera inauguré en 1948.

Encore aujourd’hui, des liens forts unissent nos deux communes et les actions sont encore nombreuses pour continuer à faire vivre cette belle amitié : Papillottes offertes aux aînés, remise de dictionnaires aux élèves de CM2, rencontres…

Notre Marraine: Brignais
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Ancien bourg fortifié, Brignais (1036 hectares – 12 403 habitants, chiffre INSEE au 1er janvier 2023) conserve un bâti ancien qui lui confère un caractère authentique fort apprécié de ses habitants.

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Enchâssée entre communes urbanisées et villages ruraux mais aussi entre vallée du Rhône et plateaux des Monts du Lyonnais, Brignais se situe à une dizaine de kilomètres au Sud Ouest de Lyon. Elle est un des maillons de la première couronne de l’agglomération lyonnaise et bénéficie, à ce titre, de forts courants d’échanges économiques et commerciaux. 

Témoignages

Souvenirs des vacances à Brignais en 1946 par Marie-Thérèse Buessler

Dès mai 1946 un comité d'Alsace fut créé à Brignais qui offrit d'accueillir 15 filles et 5 garçons de Schweighouse, accompagnés de Mlle Claire Krugler. Pour Marie-Thérèse Buessler née Steiner, alors âgée de 11 ans et Camille Buessler, 14 ans à l'époque, ces trois semaines dans les familles brignairotes furent le meilleur temps de leur enfance après les ravages de la guerre ici.
Le voyage s'était fait en train, il faisait très chaud et après un accueil très chaleureux des Brignairots à la gare, le premier plaisir fut de prendre un bain dans une vraie salle de bain.
Camille était hébergé chez un marchand de fruits et légumes, le travail ne manquait pas, mais il a pu visiter Lyon après le marché, se baigner dans la Saône et apprécier les siestes.
Marie-Thérèse avait adoré s'occuper de Poupette, 4 ans, la fillette du couple qui l'hébergeait. C'était un bonheur de pouvoir la coiffer, elle qui n'avait que des petits frères. C'est au cours d'une balade dans les collines avec Poupette qu'elle goûta son premier fromage de chèvre.
Ils ont été traités comme les enfants de la famille, sinon plus choyés encore. Les jeunes Schweighousiens se gavaient de pêches, de melons, fruits alors inconnus chez nous.

Les après-midis les enfants de Schweighouse se retrouvaient pour faire des sorties comme la visite de Lyon en bus, mais aussi pour préparer le spectacle de la première Fête d'Alsace. Les enfants de Schweighouse y ont présenté une ronde dansée en costumes alsaciens sur une musique alsacienne et également une chanson sur notre région que Marie-Thérèse peut encore fredonner aujourd'hui.

Pour la plupart d'entre eux ce furent les uniques vacances de leur enfance.
Avant cela c'était la guerre avec toutes ses horreurs et après, pour certains comme Camille, il a fallu commencer à travailler, l'enfance était finie.
En 1996 les époux Buessler avaient fait le déplacement à Brignais à l'occasion de la cérémonie du 50ème anniversaire du parrainage, des retrouvailles placées sous le signe de l'amitié, qui les avaient énormément émus et bouleversés.

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Témoignage actuel de Gwendoline Werlin
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« Même si ma génération ne connaît la guerre qu’au travers des manuels scolaires, et malgré notre jeune âge nous comprenons l’importance de l’implication de notre marraine de guerre, Brignais après la Seconde Guerre Mondiale.
 Grâce à cette ville et à ses habitants de nombreux enfants ont pu vivre de beaux moments. Brignais a accueilli les jeunes schweighousiens, et par la générosité de ses habitants, a également permis aux Schweighousiens de retrouver leurs repères en les aidant à reconstruire notre village. Aujourd’hui, les jeunes de Schweighouse apprennent cette histoire par leurs grands-parents, à l’école ou lors de leur entrée au collège lorsque Brignais leur offre symboliquement un dictionnaire.
Certaines personnes sont bien sûr plus touchées par cette tradition et chérissent le lien qui unit nos 2 communes. Je fais partie de ces personnes. Grâce aux échanges entre les pompiers de Schweighouse et l’harmonie de Brignais des liens forts se sont construits au fil des années. Si bien que nous avons le privilège, ma soeur et moi, d’avoir une troisième paire de grands-parents Brignairots. Je me souviens de la première fois où nous sommes allés à Brignais. A la descente du bus, les habitants nous accueillaient les bras ouverts et le sourire aux lèvres. Nous avons trinqué tous ensemble au soixantième anniversaire, toutes les générations étaient mélangées, les plus anciens racontaient leurs premiers séjours dans chacun des villages avec émotion, pendant que d’autres parlaient des prochains évènements intercommunaux. La nostalgie mêlée aux projets, le passé préparait le futur. C’est un peu tout cela l’amitié entre Brignais et Schweighouse.
Je souhaite que ce lien perdure, que les Schweighousiens continuent de se réjouir de recevoir les papillotes de Brignais en se disant qu’elles ont un goût spécial, que les anciens y retrouvent leurs souvenirs joyeux et que les enfants comprennent ce lien unique qui nous unit Brignairots et Schweighousiens. Réjouissons-nous de la belle fête qu’est ce week end passé ensemble. »